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Inclassable ! Radicalement inclassable ! Tout à la fois saxophoniste alto, compositeur, producteur (plus de 200 disques), organisateur, agitateur, (à la Knitting Factory de New York) ... , John Zorn est, à 43 ans, déjà presque un mythe. Considérant qu’en cette fin de 20ème siècle, nous avons, pour la 1ère fois, tous désormais accès à absolument toutes les musiques, il en intègre les éléments disparates pour créer la sienne, multiforme et éclatée dans une foule de projets menés en parallèle et où il n’est pas facile de s’y retrouver !
Essayons quand même : Avec “Cobra”, il est très proche du bruitage. Avec “Naked City”, soit il relit des musiques de films - ceux d’Ennio Morricone ou ... “Batman” -, soit il compose des morceaux à la fois très arrangés et très brefs (8 à 10 secondes !), soit il rend hommage à Jean Genet ou à Marguerite Duras. Avec “Pain Killer”, il mélange le hard-core et le free-jazz le plus paroxystique. Avec “News for Lulu”, il relit d’émouvante façon les thèmes hard-bop de Kenny Dorham et Hank Mobley. Et, depuis 95, avec “Masada”, il allie le jazz moderne (façon Ornette Coleman 1ère manière) et la musique klezmer du folklore juif : Sur la pulsation généreuse et très dansante des thèmes traditionnels, les climats vont de la joyeuse exaltation à la tritesse la plus noire en passant par la tendresse, le rire, la colère, l’humour, ... Et avec quels partenaires ! : Dave Douglas, trompettiste poétique qui renoue avec la musique de Booker Little et qui aime tout autant la musique de l’Europe de l’Est ; Greg Cohen contrebassiste et arrangeur (pour Tom Waits, entre autres) qui a un goût prononcé pour le jazz traditionnel : il joue ainsi chaque semaine avec le cinéaste-clarinettiste Woody Allen ! enfin un des batteurs les plus vifs d’aujourd’hui, Joey Baron, accompagnateur habituel de Bill Frisell.
Ça déménage vraiment ! Pour amateurs d’émotions fortes.